Notre vision de la conception/Pour une conception sans violence

Publié le 20 juin 2015

Parce qu’avant même de parler de la naissance, de l’éducation ou du sevrage, il y a la conception. Parce que tout commence là. La conception, c’est l’instant de tous les possibles, celui du véritable miracle de la vie, la rencontre qui onze mois plus tard aboutira à la mise au monde d’un petit être merveilleux.
Et pourtant, ce moment est bien trop souvent synonyme de violence et de viol. Tord-nez, tord oreille, entraves, calmant, la liste est longue… La jument est bien souvent une victime silencieuse et impuissante. Son seul pouvoir consiste parfois à se laisser saillir ou inséminer sans se laisser féconder. Tout se passe dans l’ombre ou au contraire en pleine lumière. Alors les spectateurs applaudissent et s’extasient. Qui pour voir la douleur de la jument ? Qui pour regarder l’œil effaré de cette reine que notre monde a fait esclave ?
L’étalon, quant à lui, est-il bienheureux qu’on maitrise ainsi sa belle ? Non, cela ne fait que l’avilir et le dénaturer. Réduit à l’état de machine ou de violeur, il ne prend plus le temps ni pour faire la cour, ni pour un tendre nez à nez. Pas même pour une simple salutation. Il monte et « remplit », monte et « remplit », sortant brièvement de son box avec l’unique tâche de transformer des juments « vides » en juments « pleines ». L’homme (ou la femme), intervenant toujours et partout, va parfois jusqu’à introduire lui-même la verge du roi déchu…
Quand au poulain : peut-on aller jusqu’à imaginer qu’il porte en lui ce trauma originel que constitue le viol de sa mère ?

Chez MND Paint-Horses, nous avons une toute autre vision de la conception. L’étalon et la jument vivent idéalement ensemble, se connaissent déjà ou ont le temps de faire connaissance (jamais de rencontre au moment des chaleurs). Le moment venu ils se font la cour dans ce cadre idyllique au cœur des montagnes, déployant toute leur séduction : allures relevées, encolure arquée, queue en panache… Ils se sentent, se respirent, et roucoulent. Ils se mordillent, se pourchassent tour à tour, et se mirent dans le regard de l’autre. C’est une fête, un tournoiement de joie, jusqu’à ce qu’ils se disent oui.

Il n’est nullement ici question de condamner la pratique de l’insémination ou celle de la saillie en main (car à l’inverse, j’ai vu des saillies « en liberté » dans des espaces clos consistant uniquement à faire céder la jument « à l’usure »), tout est question de respect. Respect de la jument. Respect de l’étalon. Respect de ce moment plein de mystère. Cela commence peut-être par faire attention au choix des mots que nous employons et à reconnaître que nous ne maîtrisons pas tout, même si nous en avons parfois l’illusion.
A une heure où la recherche scientifique reconnait de plus en plus les cultures animales et l’importance de les préserver, pourrait-on évoquer un art de faire la cour ? Un art qu’il faudrait permettre aux chevaux d’exprimer et de transmettre ? Pour que chaque fois le miracle se reproduise, dans l’émerveillement et la magie.

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